Le petit bouquet du dimanche soir, pour vous mes Supers Amies, le petit bouquet lorsque la nuit se glisse entre les grands arbres et étend son ombre, le petit bouquet du soir lorsque les oiseaux se trouvent un refuge et cessent de chanter à tue tête, lorsque la grande paix s'insinue partout, lorsque c'est le grand silence par vals et grandes plaines.
Seuls quelques chiens qui aboient. C'est rassurant un chien qui aboie lorsque les premières lumières apparaissent dans les rues, les maisons. Oui, le petit bouquet du soir, un si petit bouquet qu'il tiendrait dans un dé à coudre, oui mais n'en est-il pas plus délicat, plus précieux? Nous sommes des éphémères, nos vies sont si courtes, nos illusions si grandes.
Il était un petit bouquet, un soir, il circulait sur les ondes informatiques, partout où il passait, il saluait gaiement. Bonsoir disait le petit bouquet, bonsoir les humains, bonsoir la terre, bonsoir la vie. Demain je ne serais plus. J'ai vécu une journée extraordinaire. Je ne savais pas que la vie pouvais être si belle. Bonsoir, bonsoir les petits oiseaux du Royaume des Cieux.
Bises.
J'expérimente, j'expérimente.
Pourquoi ne pas rendre les logorrhées utiles?
Merci petit bouquet.
Ivano
Sécheresse rouge sur sols calcinés
Voici, elle vient, la terrible sécheresse.
La vierge noire ne peut en chasser
les sortilèges amers, l'angoisse.
Voici, elle vient, la terrible détresse.
Le patriarche ne peut en chasser
les douleurs, les affres, les cris
Voici les pas lourds des légions du Ciel.
Ils viennent portés par les nuées,
des glaives acérés sur les hanches.
Voici l'Ange sur son promontoire.
Il souffle dans la grande corne.
C'est le grand silence des vents.
Le Balcon
Mère des souvenirs maîtresse des maîtresses
O toi, tous mes plaisirs! O, toi, tous mes devoirs!
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
...La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs maîtresse des maîtresses,
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voiles de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux! Que ton coeur m'était bon!
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!
Que l'espace est profond! Que le coeur est puissant!
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées!
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, O douceur! O poison!
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses!
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-ils d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes?
O serments! O parfums! O baisers infinis!
Les Fleurs du Mal - Charles Baudelaire
1ère partie : Spleen et Idéal
Sainte
À la fenêtre recelant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole étincelant
...Jadis avec flûte ou mandore,
Est la Sainte pâle, étalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie:
À ce vitrage d'ostensoir
Que frôle une harpe par l'Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicate phalange
Du doigt que, sans le vieux santal
Ni le vieux livre, elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence.
Poésies de Stéphane Mallarmé
BRUXELLES
Juillet. Boulevard du Régent.
Plates-bandes d'amarantes jusqu'à
...L'agréable palais de Jupiter.
- Je sais que c'est Toi qui, dans ces lieux,
Mêles ton Bleu presque de Sahara !
Puis, comme rose et sapin du soleil
Et liane ont ici leurs jeux enclos,
Cage de la petite veuve !...
Quelles
Troupes d'oiseaux, ô ia io, ia io !...
- Calmes maisons, anciennes passions !
Kiosque de la Folle par affection.
Après les fesses des rosiers, balcon
Ombreux et très bas de la Juliette.
- La Juliette, ça rappelle l'Henriette,
Charmante station du chemin de fer
Au coeur d'un mont comme au fond d'un verger
Où mille diables bleus dansent dans l'air !
Banc vert où chante au paradis d'orage,
Sur la guitare, la blanche Irlandaise.
Puis de la salle à manger guyanaise
Bavardage des enfants et des cages.
Fenêtre du duc qui fais que je pense
Au poison des escargots et du buis
Qui dort ici-bas au soleil.
Et puis
C'est trop beau ! trop ! Gardons notre silence.
- Boulevard sans mouvement ni commerce,
Muet, tout drame et toute comédie,
Réunion des scènes infinie,
Je te connais et t'admire en silence.
Arthur Rimbaud