mercredi, octobre 08, 2025

Passions extremes et trilogies alpines

 Trilogies alpines passions extrêmes 

Ivano Ghirardini — Les passions extrêmes, ou la trilogie du froid

Il y a chez certains hommes un feu qui ne s'éteint jamais. Un feu intérieur, plus ancien que la raison, plus fort que la peur. Chez Ivano Ghirardini , ce feu a toujours pris la forme du froid — celui des grandes faces nord des Alpes , ces cathédrales de glace et de pierre que seuls les rêveurs fous osent défier en hiver.

Dans les années 1970, alors que le monde s'endormait dans le confort moderne, lui choisit la solitude, la neige et le risque absolu. Il se lance dans ce que les alpinistes appellent la Trilogie des Alpes : les trois plus grandes faces nord — l'Eiger , le Cervin et les Grandes Jorasses . Trois monstres de glace, trois poèmes verticaux où la moindre erreur peut être fatale.

Mais ce que Ghirardini chercha n'était pas la gloire. C'était la vérité nue, celle que l'on trouve seulement quand tout le reste s'effondre.
Lorsqu'il gravit seul, en hiver, la face nord des Grandes Jorasses , il affronta non seulement le froid, mais le vide intérieur. Il ne restait alors que la pulsation du cœur, le battement du sang, la neige qui crisse et le silence total du monde.
Puis vinrent le Cervin , orgueilleux et déchiré par les vents, et enfin l' Eiger , le plus terrible, la « paroi de la mort ».

Il y a eu des jours sans soleil, des nuits sans sommeil, et ces moments suspendus où l'homme a envoyé son esprit glisser hors du corps.
Mais Ivano ne céda jamais.
Avec un matériel minimaliste, souvent gelé jusqu'aux os, il grave dans l'histoire un exploit que nul n'avait osé imaginer : le premier à réussir en solitaire les trois grandes faces nord des Alpes, en hiver .

Ce n'était plus de l'alpinisme. C'était une forme d'art extrême, une méditation verticale.

Des années plus tard, lorsqu'il monta sur un tatami pour exécuter un kata, ceux qui connaissaient son passé comprirent.
Chaque coup de poing, chaque respiration était la continuation du même souffle, celui qu'il avait trouvé suspendu entre ciel et abîme.
Le karaté et la montagne n'étaient qu'une seule et même quête : celle du maîtrise de soi, dans le chaos du monde .

Les passions extrêmes d'Ivano Ghirardini n'ont jamais été des défis contre la nature, mais des dialogues avec elle.
Il a appris du vent, du froid, du vide — et les a intégrés dans son art du mouvement.
Chez lui, la montagne et le karaté se rejoignent dans une seule philosophie :

« Ce n'est pas la force qui triomphe, c'est l'équilibre. »